français
anglais

XIII° siècle

Introduction

Politiquement, La Rochelle revient dans le giron du roi de France. Economiquement, elle connaît l’apogée d’un commerce fondé sur le vin et le sel et devient le plus grand port français sur le littoral Atlantique. Non seulement elle n’a pas d’estuaire contrairement à d’autres grandes cités mais elle propose une exemption des droits de marque.

Histoire

Propriété anglaise pendant le premier quart du siècle, la cité se trouve disputée (comme toute la région) par deux royaumes dans un conflit de succession et de suzeraineté.

En 1209, Jean sans Terre confie La Rochelle aux bourgeois et exempte la ville du service du roi. Il étend la charte communale à l’autorisation de battre la monnaie et fait établir en 1215 un atelier monétaire dans la ville (qui marque d’un H la monnaie qui y est frappée).

Louis VIII entreprend, pour le contrer, la reconquête du territoire. Après sa victoire à la bataille de la Roche aux Moines en 1214 sur Jean sans Terre, en défaveur face à son clergé et sa noblesse, les barons anglais lui promettent la couronne d’Angleterre avant que le décès de Jean sans Terre en 1216 relance les troubles. Les barons signent en 1217 le traité de Lambeth, qui octroie la couronne à Henri III contre compensations financières pour le roi de France.

En 1222, Henri III décide de renforcer l’influence anglaise en Aunis et édicte une charte prescrivant aux Rochelais d’établir un port dans l’ouest de la ville et de le fortifier pour le rendre plus sûr et plus fort, avant d’ordonner le commencement des travaux l’année suivante.

Le traité de Lambeth n’étant pas suivi de transfert pécuniaire, la réappropriation des possessions anglaises localisées sur le territoire de France semble fondée. La Rochelle subit les attaques de seigneurs régionaux et, en 1224, elle soutient son premier siège d’une durée de neuf jours, par Mathieu de Montmorency au nom de Louis VIII. La ville soumise aux catapultes et autres machines de guerre repasse sous la tutelle de la France qui s’oppose à l’emprise de l’Angleterre sur le continent. Elle ne perd pas ses avantages dans cette volte : il est trop utile d’acheter sa fidélité.

Si le roi anglais, éloigné, ne soutient pas financièrement la ville appauvrie par les guerres, le roi de France s’engage à ne pas démolir l’enceinte, à ne jamais abandonner la cité et propose trois nouveaux privilèges pour que les bourgeois lui accordent l’entrée de leur enceinte.

En représailles, Henri III signe une charte communale pour que Bordeaux, qui jusqu'alors devait exporter son vin via La Rochelle, puisse développer son commerce directement avec l’Angleterre.

Le ralliement à la France est menacé. En 1226, à la mort de Louis VIII, les seigneurs intriguent, le commerce avec l’Angleterre est interrompu et l’économie décline.

En 1241, une nouvelle guerre éclate entre les deux nations. Henri III débarque à la tête de son armée et attaque avec Lusignan jusqu’en Saintonge pour s’arrêter à La Rochelle. En 1242, le port est à nouveau bloqué, cette fois-ci par les Oléronais et Bayonnais pro-anglais, mais tient. Vaincu par Louis IX, Henri III est contraint en 1243 de céder par traité l’île de Ré à la France.

Le reste du siècle est relativement pacifique. La Saintonge est rattachée à la Guyenne anglaise après la mort d’Alfonse de Poitiers, frère du roi, en 1271. Le règne de Philippe III n'est pas émaillé de graves remous. La rochelle devient la principale ville de la vallée de la Charente.

La ville est la première du Centre Ouest à avoir droit de commune avec extension sur la banlieue. Plus de la moitié de la population vient de l’arrière pays, un bon tiers est même lié aux migrations bretonnes, anglaises, irlandaises, normandes, flamandes, picardes, italiennes et espagnoles qui s’intègrent rapidement. La confession judaïque est déjà présente en 1202, attirée par le négoce florissant et le change. Les juifs sont chassés à plusieurs reprise, notamment en 1291 puis en 1306 quand Philippe le Bel les exproprie et s'approprie leurs biens : ils reviennent régulièrement.

Le maire est toujours capitaine de la ville, président de la cour de justice, garde du sceau et des clefs, garant des privilèges et libertés garantis par le pouvoir royal.

Les fortifications sécurisent l’activité commerciale rayonnante et assurent à la ville une position de ville frontière entre la France, l’Angleterre et l’Espagne. La plupart des princes qui alternent leur souveraineté confirment les libertés précédentes bien que La Rochelle passe de la couronne anglaise à la couronne française. Maire, échevins et armateurs savent intelligemment profiter de la querelle dans leur propre intérêt.

Economie

Le port sur le cours de Lafond s’avère rapidement trop petit. L’activité est importante et les bateaux du Nord, au fond plus profond, peinent à aborder. Le déplacement dès 1222 des quais vers le havre, entre les quartiers du Pérot et Saint Nicolas permet l’essor des échanges et l’hébergement de centaines de bateaux.

Les liaisons au Sud avec Bordeaux, Bayonne et jusqu’en Espagne, au Nord avec la Bretagne, la Normandie, l’Angleterre, l’Irlande et les Flandres, la desserte de l’arrière pays par cabotage et quelques voies routières sont accrues.

L’exportation de sel et de vin continue, l’importation de froment, de céréales régionaux, de drap flamand, de laine normande, de cordages hollandais, de lin allemand, de cuir irlandais, de hareng écossais, d’étain cornouaillais et plomb irlandais, fruits secs et oranges portugais, fer basque, chevaux , cire, cuirs, étoffe espagnole et épices orientales fournit travail et essor.

La ville, protégée dès 1203 par le pape, est le premier port français Atlantique de l’époque (Bordeaux est second) grâce à ses avantages financiers attractifs : les marchands bénéficient d’exemptions et d’un sauf conduit royal et les étrangers ont peu de droits à payer. Elle apparaît déjà sur les cartes portulans telles que la carte pisane. Elle interdit l’import et la consommation de bière pour protéger le commerce du vin des notables de la ville qui possédent des vignes dans l’arrière pays, d'autant qu'après 1224, le vin de Bordeaux politiquement soutenu est plus prisé des anglais.

Elle n’a pas de halles mais un marché, une foire et une activité financière liée à l’activité portuaire. C’est un centre de transfert international qui accueille une table de change.

Plan

La Rochelle ne correspond encore qu’à peine à l’actuel centre ville. Les quartiers périphériques constituent des hameaux distincts… quand ils existent. Mais des mutations majeures surviennent : le déplacement du port pour une part et le progressif remplacement des maisons à pans de bois et torchis par des constructions de pierres plus résistantes aux incendies qui, ici comme ailleurs, sont une menace redoutée. En 1230 et 1273, deux gros sinistres font du reste d'importants dégâts.

Vers 1220 carte 1220 Télécharger au format 5500x3000 pixels

La fréquentation du port est trop importante, le port est déplacé dans l’actuel vieux portvieux port, un havre naturel où débouchent les petits cours de la Verdière, séparée de Lafond par une écluse, Rompsay et la Moulinette. Ses berges, de part et d’autre la grande rive et la petite rive, sont progressivement consolidées de pavés plats, lests des bateaux venus du Nord, ensuite utilisés également pour le pavage des rues. Port dont l’envasement est précocement envisagé et sujet à réflexion. Il est surplombé pour le guet par la tour à l’Anglais.

Saint-Nicolas, au Sud Ouest est fortifié depuis 1199, ouvert des portes de CunarreCunarre (ou des Canards) dont l'emplacement semble fixe, de la Vérité et Saint Nicolas pour passer du quartier Saint Nicolas à l’extérieur de la Ville.

Les trois paroisses du siècle passé subsistent mais la chapelle Sainte Madeleine devient l’église Saint Sauveur, liée aux murs par une rue directe dominée par la tour de la Poterie et unie au quartier Saint Nicolas par le pont Saint Sauveur en 1202, qui encadre avec le pont Maubec, sur lequel donne accès la nouvelle porte Maubec, le petit port Dauphin. Ce sont des ponts massifs : le premier est recouvert de maisons et au second se trouve un moulin à eau des Templiers.

Les Clarisses fondent un prieuré, les Cordeliers une aumônerie, les Augustins le clos de Béthléhem.

L’assistance connaît diverses formes. L’armateur Aufrédy attend des années durant ses navires envoyés en 1196 vers l’Afrique. Abandonné dans la pauvreté, réduit à la mendicité de même que son épouse Pernelle, il redevient riche au retour inespéré de ses bateaux en 1203. Le couple se consacre alors aux pauvres dont ils ont partagé le sort et utilise sa fortune pour fonder le premier hospice pour déshérités de la ville : l’hôpital AufrédyAufrédy (ou de la Charité ou Saint Barthélémy). Cet établissement est en 1220 confié à la ville qui, riche en dépit des troubles, se dote également d’une maladrerie installée en 1219-20, hors des murs de la ville.

Le Minage et l’atelier de la monnaie sont placés près des Cordeliers, un premier marché aux poissons est organisé naturellement près du port.

Vers 1270 carte 1270 Télécharger au format 5500x3000 pixels

L’enceinte intègre le centre ville, Saint-Nicolas et le havre. La porte Rambaud est percée en 1241 près du château. L’échevinage est agrandi en 1298 puis encore au début du siècle suivant.

Un second port, le port neufPort-Neuf, de moindre importance, dépendant de Laleu, est installé vers 1268 dans les marais de Vaugouin.

Les ordres mendiants ont une place importante dans la ville. Ainsi les Cordeliers agrémentent leur couvent d'une chapellechapelle. Cependant aucun religieux ne peut devenir bourgeois de la ville qui demeure laïque et ne compte ni abbaye, ni collégiale. En 1226, à Saint Eloi, les religieux de Saint Jean Dehors fondent un monastère et une léproserie, lorsque leur aumônerie est détruite. En 1235, les Dominicains installent leur couvent au Nord. Les Carmes suivent et trouvent place dans le quartier du Pérot.

Suivant

Retour haut de page

- ©2008 Florence Forgerit -
- site réalisé avec Gimp,Inkscape, Notepad et Filezilla -